Historia brevis rerum generalium
[Gaens & De Grauwe 2006]98-1001 : Sint-Catharina-op-de-berg-Sinaï op het Kiel bij Antwerpen 1324-1783, vanaf 1543 binnen de stad Lier (Domus sanctae Catherinae)
[98]Tussen 1321 en 1324 werd het klooster op het Kiel gesticht. Als medestichters worden in de obituaria van de kartuizers Steven Wilmaers, kapelaan van de Onze-Lieve-Vrouwekathedraal, en schepen Arnold van Hovorst genoemd, die elk belangrijke schenkingen deden. De eerste kartuizers kwamen uit Herne, Valenciennes en Brugge. Jan van Boechout, procurator te Herne, werd de eerste prior op het Kiel. Belangrijke Antwerpse burgers en kooplieden, zoals Dankaart de Molenare en Hendrik Hellewaghen, waren de eerste weldoeners. In 1324 amortiseerde Jan III, hertog van Brabant en Limburg, alle goederen van de kartuizers. De bouw van de kartuis zou duren tot 1390. [99] In de vijftiende en het begin van de zestiende eeuw konden de kartuizers hun bezittingen gevoelig uitbreiden, zowel door aankopen als door schenkingen. Zo kregen ze in 1410 de heerlijkheid Kiel in handen, die ondanks de eraan verbonden feodale verplichtingen in 1413 volledig geamortiseerd werd. In 1409 waren er 12 cellen; dit aantal zou verder aangroeien tot 21. Tijdens het Westers Schisma werden er priors benoemd uit de Grande Chartreuse en de kartuis van Vauvert bij Parijs, waardoor het Kielse klooster vrij snel trouw werd aan het clementistische kamp. In 1410 werd Theodoricus Terlinc prior en tegelijk eerste visitator van de provincie; hij bekleedde dit ambt onafgebroken tot aan zijn dood in 1449. In die functie speelde hij een belangrijke rol, niet alleen in de Nederlandse provincie, maar ook in de ganse orde. Met de prior van de kartuis van Zelem raakte hij betrokken bij de stichting en insluiting van het Windesheimer klooster Ten Troon in Grobbendonk. De stichters van dat regulierenklooster, Arnold van Craynhem en zijn echtgenote Johanna van Steynvoort, werden grote weldoeners van beide kartuizen. Terlinc beheerde eveneens de enkele bezittingen van de Grande Chartreuse in de Nederlanden. In 1424 en 1426 zond het generaal kapittel hem naar Engeland om de kloosters te visiteren, omdat er zich onregelmatigheden voordeden. In 1446 trok Terlinc met de prior van Gent naar Schotland om de kartuis van Perth te visiteren, die in zware financiële moeilijkheden verkeerde. Tijdens het generaal kapittel van 1438 was de prior één van de acht definitoren. Dirk Terlinc bekleedde niet alleen in zijn eigen orde een vooraanstaande plaats, ook in Antwerpen had hij aanzien. Er werd enkele keren een beroep op hem gedaan bij stichtingen en hervormingen, onder meer van de leprozerij Terzieken, de zusters van het St.-Elisabethgasthuis, en van een cisterciënzerabdij. De kartuis van Antwerpen zou vanaf dan steeds een belangrijk klooster blijven in onze contreien. In de loop van de vijftiende eeuw namen de middelen van het klooster verder toe. Tussen 1473 en 1480 werd er een volledig nieuwe kerk opgetrokken. Op het einde van de eeuw waren er 17 cellen. Maar in de zestiende eeuw ging de financiële situatie er zo op achteruit, dat de kartuizers in 1540 gedwongen werden de heerlijkheid Kiel te verkopen aan de stad Antwerpen. De Bourgondische vorsten hadden immers alle amortisatiegelden opgeëist, en Karel V had de belastingen gevoelig opgetrokken om zijn oorlogskas te spijzen. Op 26 juli 1542 werd de kartuis op bevel van de magistraat van de stad Antwerpen afgebrand, om te voorkomen dat Maarten van Rossum er zijn troepen zou legeren. In 1543 trokken de verspreide monniken naar Lier, waar met de bouw van een nieuw convent werd gestart. Vandaag geeft enkel een kruis in een muur op de hoek van de Peltzerstraat en de Kavesweg in Lier deze plaats ongeveer aan. In 1580 moesten de kartuizers opnieuw hun klooster verlaten voor de geuzen; in 1584 werd met de restauratie van de gebouwen gestart. [100] De zeventiende eeuw was een rustige periode, waarin het huis redelijk welwarend was. Tussen 1714 en 1718 werd een nieuwe kerk gebouwd. Het klooster werd opgeheven door keizer Jozef II in 1783.
[De Grauwe 2005d]118, 276-2782 : Chartreuse du Kiel (Anvers, puis Lierre)
Bien des légendes entourent l’origine. Une certitude : l’acte le plus ancien du 24 mars 1324 dans lequel le doyen et le chapitre de Notre-Dame d’Anvers autorisent le premier prieur Jean van Bouchaute de construire un monastère. il y eut donc auparavant des pourparlers et des préparatifs. Ceux-ci n’ont pu commencer qu’ après 1321, année dans laquelle Jean van Bouchaute a cessé d’être procureur de la chartreuse d’Hérinnes. La chapelle désaffectée qui se trouvait sur les lieux de la nouvelle fondation put servir d’oratoire. Les donateurs des premiers terrains sont inconnus, mais on sait que quelques-uns de ces bienfaiteurs étaient des bourgeois importants d’Anvers. Le duc Jean III de Brabant et Limbourg amortit en 1324 tous les biens que les chartreux posséderont. Les premiers moines viennent d’Hérinnes, Bruges et Valenciennes. En 1345 les termini possessionum furent fixés ä 15 lieues. En 1380 les chartreux du Kiel choisirent le parti de Rome, mais Guillaume Wandenoy, profès de Vauvert, prieur, prit le parti de Clément vers 1386. Dès le début on construisit le monastère et en 1390 le tout fut terminé.
La deuxième période s’étend de 1410 à 1543, un temps d’expansion qui se termine par le départ pour Lierre. Pendant la première moitié du XVe siècle. on note le recrutement de bien des jeunes. Une nouvelle église fut érigée entre 1473 et 1480. Avec l’expansion matérielle allait de pair l’expansion spirituelle. Déjà la fin du XVe siècle, mais surtout le début du XVIe grevèrent la maison de lourdes charges financières : les princes bourguignons réclamèrent l’argent des amortissements et les guerres de Charles Quint exigèrent des taxes toujours renouvelées. Le 26 juillet 1542 le monastère fut incendié sur ordre de la magistrature d’Anvers afin d’empêcher Martin van Rossum d’y loger ses troupes qui auraient pu prendre ce lieu comme base pour assiéger Anvers. Les moines furent dispersés et se réunirent de nouveau en 1543 pour se rendre à Lierre où ils fondèrent une nouvelle maison continuatrice de celle du Kiel.
Le 23 août 1543, fut posée la première pierre du nouveau monastère. En 1549, le chapitre de Saint-Gommaire donna l’autorisation de construire l’église. Les religieux de Geertruidenberg, chassés de leur maison, demandèrent en 1573 un refuge temporaire à Lierre. En 1580 toute la communauté fut obligée d’évacuer la chartreuse. Elle rentra en 1584 et restaura incessamment le monastère détruit en grande partie par les iconoclastes. Le XVIIe siécle se passa sans grands événements. La maison fut assez prospère. Le XVIIIe siécle fut le siècle du déclin se terminant par l’édit de Joseph II. Entre 1714 et 1718 fut construite la nouvelle église et l’on termina l’embellissement du monastère. L’édit de Joseph II de mars 1783 fut proclamé devant la communauté le 24 avril. Les 12 moines et les 2 convers durent abandonner la chartreuse.
[Delvaux & De Grauwe 1993a]681-684 : La Chartreuse de Sainte-Catherine près d’Anvers, puis à Lierre
[681] La Chartreuse de Sainte-Catherine près d’Anvers, puis à Lierre fut fondée sur le territoire de la ville d’Anvers, dans la seigneurie indépendante du Kiel, sise au sud des murs d’enceinte, entre l’Escaut et la chapelle désaffectée qui y avait été érigée vers 1250 par Hugues Nose.3 C’est la première chartreuse érigée au duché de Brabant.
Parmi les autres qui ont traité de la fondation, il n’existe pas de consensus quant à la manière dont elle se fit. La chose ne s’explique qu’en partie par le fait que la plupart n’ont que peu ou pas du tout consulté d’archives. La raison principale en est toutefois que les sources conservées ne fournisstent que très peu de renseignements touchant la fondation proprement dite, de sorte qu’à ce jour, il est encore impossible de faire complètement la lumière sur le moment de la fondation et sur les personnes qui en prirent l’initiative.
Le plus ancien acte connu concernant ces chartreux dat du 24 mars 1323, ancien style, c’est-à-dire du 24 mars 1324, nouveau style. Il contient un accord entre le chapitre de l’église Notre-Dame d’Anvers, et Jean [de Bouchout], premier prieur du couvent de Sainte-Catherine. Le chapitre y accorde l’autorisation de construire une chartreuse au Kiel, moyennant le respect de certaines conditions en matière de droits, tels les droits de sépulture.4Cet acte fait apparaître, que déjà bien des choses se sont produites avant cette date. L’emplacement où se dresserait le nouveau couvent, était déjà bien connu. Le nouveau couvent portait déjà un nom, avait un prieur et un sceau.
C’est vraisemblablement sur base de ces constatations mêmes qu’A. Raissius5 et J. Le Roy6 formulèrent leurs points de vue, à savoir que le couvent fut fondé en 1320. J. Diercxsens7 était d’avis que la fondation du couvent devait se situer en 1323. Il se fondait, pour ce faire, sur l’inscription d’un des vitraux de la chartreuse de Lierre. Cette inscription mentionne que c’est le 24 mars 1323 que le premier prieur et les premiers moines arrivèrent au Kiel. Ce texte provient probablement du nécrologe.8 Cette date est rigoureusement identiqué à celle [682] de l’acte le plus ancien. S’il faut en croire P. Goetschalckx, il serait impossible que les moines soient arrivés au KIel à cette date, car ils auraient dû, déjà alors, disposer d’une résidence. Selon cet auteur, il serait impensable de tout d’abord fonder un couvent, et d’en demander seulement par après l’autorisation du Chapitre. Les débuts de la chartreuse9 ne devraient dès lors se situer qu’après le 24 mars 1324.
Est-il possible qu’il n’existât pas enencore de bâtiments défnitifs au Kiel, et qu’il ne s’y trouvât pas encore de moines? Dans ce cas, l’auteur perd de vue que les chartreux du Kiel devaient, quand même, déjà posséder le terrain, avant d’entamer des pourparlers avec le Chapitre. De plus, de telles négociations ne sont pas toujours faciles. Se fondant sur un ancien manuscrit, D. Papebroch écrit que le couvent fut fondé en 1324, et que les premiers chartreux10 n’arrivèrent qu’en 1326. L’étude de la manière dont se fit la fondation d’autres chartreuses, telles la chartreuse d’Hérinnes11, fait clairement apparaître que la conclusion de l’accord avec le Chapitre, en date du 24 mars 1324, fut précédée de plusieurs années de négociations. Selon les circonstances dans lesquelles la fondation se déroule, cette période est plus ou moins longue. Qu’il ait été question de la fondation d’une chartreuse à Anvers antérieurement au 24 mars 1324, cela ressort peut-être de la donation faite le 21 mai 1323 par Christine vander Dilf en faveurde son neveu Jean van Zandvliet. Elle donna différents biens, ainsi que son missel.12 Aux chartreux du Kiel, elle offrit une partie de ses biens une seconde fois le 8 juillet 1326, soit au moment où Jean van Zandvliet y était moine.13
La date du 24 mars 1324 n’est donc rien de plus qu’une des dates importantes de la fondation de ce couvent. La date du transfert des biens de fondation à l’Ordre des Chartreux avait tout autant, sinon plus d’importance. Il n’est malheureusement pas possible de retrouver avec précision quand ce transfert se produisit, car on n’en a pas conservé d’acte. Assez curieusement, les chartreux n’ont pas estimé nécessaire de reproduire cet acte dans leurs cartulaires, si, tout au moins, un tel acte a jamais existé. Lorsqu’après 1542, ils déménagèrent à Lierre, les chartreux ne prirent pas non plus la peine d’inscrire, dans leur cartulaire, l’acte d’achat concernant le terrain du nouveau couvent. Les sources conservées mentionnent différentes personnes en qualité de fondateurs du couvent. La liste des bienfaiteurs, établie aux alentours de 1410, présente Arnold van Hovorst comme étant un des trois fondateurs14 mais reste par contre muette sur l’identité des deux autres. Cette liste fait pourtant bien état d’une série de bienfaiteurs, dont Henri Hellewagen et Dankaard de Molenare. La liste des bienfaiteurs, reprise au nécrologe, les considère tous deux, de même qu’Arnold van Hovorst, comme étant les trois fondateurs du couvent, parce que le nécrologe les mentionne à ce titre.15 On n’a toutefois conservé aucun acte datant des toutes premières années du couvent concernant ces trois personnes.
Un marchand allemand, Henri van Hellewagen, était de passage à Anvers, quand il y tomba malade, et y mourut le 21 mars 1334. Il laissa aux chartreux une forte somme d’argent, qui leur permit de construire leur église ainsi que d’autres bâtiments.16 [683] Quant à Dankaard de Molenare, il fit don aux chartreux du Kiel de ses biens sis à Edegem17, le 4 novembre 1332.18 C’est autour de ce personnage, que Dorlandus a tissé toute une légende19, qui fait par ailleurs apparaître que la chartreuse existait déjà au moment où Dannkaard de Molenare fit ses importantes donations. Enfin, il y a Arnold van Hovorst, donton sait seulement qu’il donna aux chartreux, le 2 mars 1346, un terrain situé a Edegem.20 Arnold van Hovorst aurait cependant joué un rôle important lors de la fondation. Dans un acte dressé le 17 mai 1368, donc plus de 40 ans après la fondation, son fils et Jacques van Brussel témoignent de ce que les chartreux du Kiel n’avaient, lors de la fondation, qu’une dotation de 3 livres et demie de gros tournois anciens. Le jeune Arnold van Hovorst affirmait pour sa part tenir la chose de son père, premier et principal fondateur du couvent. Quant à Jacques van Brussel, lui, il déclarait avoir été présent lors de la fondation21 Ce Jacques van Brussel ne se trouve mentionné dans aucun acte relatif aux chartreux que nous avons conservé. Il ne figure pas non plus sur la liste des bienfaiteurs.
Outre Arnold van Hovorst, Stéphane Wilmaers, chapelain de l’église Notre-Dame, aurait, lui aussi, tout spécialement contribué à la fondation. Un acte daté du 17 février 1343, par lequel il cédait aux chartreux une terre d’une contenance de onze bonniers, sise a Mortsel22, le signale comme étant le premier promoteur de la fondation.23
Enfin, il y a encore Jean Tuclant, chanoine de l’église Notre-Dame d’Anvers, que les cartae du Chapitre général de 1337 mentionnent au titre de co-fondateur de Sainte-Catherine.24 Il légua aux chartreux une rente héréditaire de deux livres de gros tournois anciens, ainsi que sa maison, que les chartreux utiliseront en guise de grange. Sur la liste des bienfaiteurs, il ne figure que parmi les grands bienfaiteurs.25 La date de cette donation ne nous est pas connue. Son second testament, dont le prieur des chartreux était un des exécuteurs, fut établi le 31 août 1336, c’est-à-dire quelques jours avant sa mort, qui survint26 le 6 septembre 1336.
Si toutes les personnes précitées ont joué un rôle lors de la fondation de la chartreuse, il n’en demeure pas moins surprenant, qu’on ait conservé les actes relatifs à leurs donations plus tardives et non ceux concernant les toutes premières. Il est vraisemblable, que les choses se sont passées de la façon suivante : la fondation de la chartreuse a été l’œuvre de diverses personnes, dont les personnages susmentionnés. Il n’est pas possible de retrouver l’identité du fondateur ni celle du donateur du terrain sur lequel se dressa le couvent. L’origine de la chartreuse du Kiel demeure donc obscure, ainsi que le fait remarquer l’auteur de la chronique.27
Quelques mois après la conclusion de l’accord passé avec le Chapitre, le 18 juillet 1324, le duc de Brabant autorisa le prieur et le couvent nouvellement créé à acquérir par achat ou par donation des revenus d’une valeur annuelle de 200 livres de gros tournois anciens. Ces biens jouient directement de l’amortissement, de même que le lieu de résidence.28 L’accord du du Chapitre reçut, le 20 avril 1325, l’approbation du vicaire—général de l’évêque de Cambrai, qui [684] était absent. Dans le même temps, il leur accordait de célébrer, en leur chapelle, les services divins.29
La chartreuse connut un début des plus pauvres. Au cours des premières années, les moines souffrirent du dénuement le plus complet. Tout au long du XIVe siècle, la pauvreté de l’institution sera, à maintes reprises, alléguée en vue d’obtenir des privilèges, bien que les chartreux aient pu graduellement acquérir de nombreux biens, tantôt par le biais de donations, tantôt par le biais d’achats, et qu’ils soient devenus seigneurs du Kiel. Au XVe siècle, et tout particulièrement sous le priorat de Thierry Terlinc, le couvent connut un grand épanouissement. Après 1500, il fut durement touché par des revers d’ordre financier. Des impôts royaux et l’inondation répétée de leurs biens de Zélande, les amenèrent à vendre la seigneurie du Kiel a la ville d’Anvers. La destruction de leur couvent en 1542 les obligea à chercher un nouveau lieu d’implantation à Lierre, où ils édifièrent leur nouveau couvent au prix de lourds efforts financiers. Ces nouveaux bâtiments conventuels étaient à peine achevés, que les troubles religieux leur causèrent, dès 1570, de nouveaux soucis. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, le couvent connut des temps plus sereins, et on construisit même une nouvelle église. En 1783, Joseph II ordonna la suppression de la chartreuse.
Lors de sa création, la chartreuse de Sainte-Catherine relevait de la province Picarde de l’Odre. En 1411, cette province fut divisée en Picardie Méridionale et Picardie Septentrionale, à laquelle appartenaient pour la plupart les couvents situés aux Pays-Bas. À partir de 1474, cette dernière province reçut la dénomination de province Teutonique ou provincia Teutoniae.
[De Grauwe 1985a]66-70, 79-8230 : Kiel
[66] Bien des légendes entourent l'origine de cette chartreuse. Ce sont des légendes d'un genre bien connu: une lumière subite apparaît sur le lieu où on devra construire un couvent; pendant la chasse, un chasseur perd le chemin; il fait le voeu d'ériger un monastère s'il retrouve le bon chemin etc. La vérité est évidemment tout autre.
Commençons par fixer les dates. L'acte le plus ancien connu date du 24 mars 1324. Dans cet acte le doyen et le chapitre de Notre-Dame d'Anvers autorisent Jean van Bouchaute, premier prieur, de construire un monastère sur le hameau ’t Klel. Ceci signifie évidemment qu'il y eut eu auparavant des pourparlers et des préparatifs. Comme nous savons d'autre part que Jean van Bouchaute fut procureur de la chartreuse de la Chapelle de 1319 à 1321, il ne put s'occuper de la nouvelle maison comme prieur qu'à partir de 1321. À ce moment la fonction de recteur était inexistante, ce qui fait que le début doit être fixé vers 1321 et que le premier prieur entra en fonction vers 1323.
Une ancienne chapelle désaffectée, fondée au treizième siècle en l'honneur de sainte Catherine, se trouva sur les lieux de la nouvelle fondation. Les chartreux eurent donc dès le début un oratoire ce qui facilita certainement leur installation.
Les terrains qu'ils reçurent étaient situés près de l'Escaut. Qui en étaient les donateurs? Nous l'ignorons, mais quelques noms des premiers bienfaiteurs sont connus. Il s'agit d'Arnold van Hovorst, Étienne Wilmaers, Jean Tuclant, Henri Hellewagen et Dancard de Molnere.
Qui sont-ils et à quel cercle appartiennent-ils? Ce sont des bourgeois importants, mais qui ne semblent pas avoir de liens avec les fondateurs d'Hérinnes ou Bruges.
Le duc Jean III de Brabant et Limbourg amortit en 1324 tous les biens que les chartreux posséderont. Ce duc avait dû céder en 1314 aux villes brabançonnes les chartes flamande et wallonne qui restreignirent fort son pouvoir ducal. Crut-il trouver dans les chartreux un contrepoids contre le pouvoir des villes? Cela se peut évidemment, mais n'eut certes pas le résultat espéré car l'Ordre des Chartreux, étant purement contemplatif dès ses débuts, ne joua pas le rôle lui dévolu par le duc.
Une autre supposition de la fondation de la maison au Kiel est qu'en raison de l'érection en 1314 des nouveaux remparts de la ville, l'abbaye des prêmontrés Saint-Michel fut entièrement enfermée par la ville, ce qui fit que les habitants du Kiel furent dépourvus d'aide spirituelle. C'est pour cette raison que l'on fit appel aux chartreux. Cette deuxième hypothèse manque de fond étant donné le [67] style de vie des chartreux qui n'ont pas d'activité paroissiale, sauf la messe dominicale dans la chapelle extérieure.
À propos du duc Jean III encore ceci: une de ses filles épousa en 1347 Louis de Male, comte de Flandre, fils de Louis de Nevers, grand bienfaiteur des chartreux de Gand et du Bois-Saint-Martin. Est-ce que l'intérêt du beau-père de sa fille pour les chartreux a pu jouer un rôle dans la création de la chartreuse du Kiel? La maison royale française a toujours été favorable envers les chartreux. Louis de Nevers agit dans le même esprit que son suzerain. Jean III fit-il de même?
Les premiers moines vinrent non seulement d'Hêrinnes, mais aussi des maisons de Valenciennes et Bruges. Ils se mirent immédiatement d'accord avec le doyen et le chapitre de Notre-Dame, paroisse à laquelle appartint le Kiel. Le premier prieur, Jean van Bouchaute, originaire d'une paroisse voisine, obtint l'autorisation de construire un monastère. Les chartreux utilisèrent d'abord la chapelle dédiée à sainte Catherine, en l'honneur de laquelle fut érigée cette chartreuse, comme on voit dans l'acte de fondation du 18 juillet 1324 du duc Jean III.
Un des premiers dons vint en 1325 de Godefroid, seigneur et chevalier de Brecht. Les autres bienfaiteurs-fondateurs ont été cités auparavant. La Grande Chartreuse eut dans les environs des biens immeubles qu'elle donna fin 1332 à la nouvelle maison. Les chartreux augmentèrent leurs terrains aussi par quelques achats. Ainsi obtinrent-ils des biens à Oelegem et Schilde. En 1345 les termini furent fixés à quinze lieues. Les religieux réussirent à se faire les seigneurs du Kiel en acquérant petit à petit les terres sur ce lieu.
Quand en 1380 l'Ordre fut divisé par le grand Schisme d'Occident les chartreux du Kiel choisirent d'abord le parti de Rome. Mais après la mort du prieur, un profês de Vauvert-lez-Paris, Guillaume Wandenoy, fut désigné et celui-ci prit le parti de Clément d'Avignon et la chartreuse resta ainsi dépendante de la Grande Chartreuse. Comme il a été relaté dans la notice de Bruges, douze chartreux brugeois furent déportés et envoyés d'abord au Kiel, puis à Gosnay. À la fin du quatorzième siècle les chartreux avaient acquis encore des terrains au Kiel ce qui augmenta considérablement leur autorité.
Comme grands bienfaiteurs de cette époque on peut citer Arnold van Crayenhem, seigneur de Grobbendonk et bailli général du Brabant, et sa femme Jeanne van Steyvoort, qui jouera un rôle non négligeable dans l'histoire de la chartreuse de Zelem. Vers 1390 le seigneur de Gaasbeek, Putte et Stryen fit construire le grand cloître et une cellule.
Pendant cette première période on trouve parmi les prieurs, deux moines-profês de chartreuses françaises, Nicolas Helminey, profês de la Grande Chartreuse, prieur du Kiel en 1359, décédé le 13 avril probablement de 1389; Guillaume de Wandenoy serait originaire de Wadenoyen-lez-Tiel (Pays-Bas). Il fit des études à l'Université de Paris, fit profession à Vauvert, fut visiteur de Picardie et prieur du Kiel, probablement de 1386 jusqu'à sa mort survenue le 25 mars 1405.
[68] La deuxième période s'étend de 1410 à 1543. C'est un temps d'expansion mais qui se termina malheureusement par des difficultés financières et le départ pour Lierre. Pendant la première moitié du quinzième siècle on note plusieurs achats de terres et l'agrandissement du monastère, car on recruta bien des jeunes. À la fin du siècle on compta dix-sept cellules et une nouvelle église fut érigée entre 1473 et 1480. Les nouvelles fondations de Scheut et Louvain purent compter sur l'aide de la maison du Kiel.
La ville d'Anvers ayant défendu d'acheter encore des terres à Anvers même, il fallait en acheter ailleurs. Parfois c'était fort loin comme à Boortmeerbeek et Aarschot. Ils avaient même des biens à Bruges et Amsterdam, mais durent en justifier la provenance lors d'une visite canonique. Ils étaient propriêtaires d'une maison à Bruxelles dans la rue des Sous: Egide van den Berghe, bourgeois bruxellois, avait donné aux chartreux du Kiel une chapelle primitivement construite sur l'emplacement de la synagogue juive, vis à vis de l'hospice de Terarken.
Le clergé de Sainte-Gudule avait accordé en 1442 l'autorisation d'y célébrer l'office divin. Dès lors des chapelains nommés par la chartreuse du Kiel y avaient rempli ce saint ministère.31 Avec l'expansion matérielle allait de pair l'expansion spirituelle: les relations qu'entretinrent les chartreux avec les religieux de Windesheim apportèrent un enrichissement mutuel. L'influence du Kiel sur la clôture dans d'autres monastères ne fut nullement négligeable. Plusieurs chartreux du Kiel furent connus comme auteur, ainsi qu'on le verra plus bas.
Déjà la fin du quinzième siècle, mais surtout le début du seizième siècle grevèrent aussi la maison de Sainte-Catherine de lourdes charges financières: les princes bourguignons réclamèrent l'argent des amortissements et les guerres de Charles Quint exigèrent des taxes toujours renouvelées. Les rentes seigneuriales devinrent de plus en plus lourdes et le Chapitre Général de 1540 autorisa le prieur Henri de Bruyne de les vendre à la ville d'Anvers. D'autres frais furent causés par les inondations de l'Escaut et par les travaux à effectuer en vue d'endiguer ces terres inondées. Enfin, en 1533, Charles Quint leva des taxes sur les capitaux.
La fin de la chartreuse du Kiel approche: le 26 juillet 1542 le monastère fut incendié par ordre de la magistrature d'Anvers afin d'empêcher Martin van Rossum d'y loger ses troupes qui auraient pu prendre ce lieu comme base pour assiéger la ville d'Anvers. Les moines furent dispersés et se réunirent de nouveau en 1543 pour se rendre à Lierre où ils fondèrent une nouvelle maison continuatrice de celle du Kiel.
Les moines qui méritent d'être cités pendant cette seconde période sont: Théodore Teerlinc, probablement né à Helmont, profês du Kiel, dont il fut prieur [69] de 1406 jusqu'à sa mort le 11 janvier 1449; il exerça les fonctions de visiteur de 1411 à 1430 et de 1431 jusqu'à sa mort; il fut convisiteur de 1430 à 1431. Arnold Cupers qui avait été prieur de 1443 à 1448 au Bois-Saint-Martin, le fut au Kiel de 1449 jusqu'à sa mort le 21 décembre 1465.
Jean van den Berghe [junior] est un cas intéressant. Son père, Jean [van den Berghe senior], avait été donné chez les chartreux, mais rentra dans le monde où il se maria. Parmi ses enfants deux se firent chartreux, Jean et Nicolas [van den Berghe]. Après la mort de son épouse Jean sr. se fit convers à Gand en 1474 où il mourut le 19 avril 1479. Son fils Jean fut prieur du Kiel de 1473 jusqu'à sa mort le 30 novembre 1480. Herman van Sneek fit profession au Kiel. Après avoir été sacristain et vicaire, il en devint recteur et prieur (1504-1517). Il fut convisiteur de 1513 jusqu'à sa mort le 21 octobre 1531.
Déjà en 1543 les chartreux dispersés demandèrent à la magistrature d'Anvers s'ils pouvaient se retirer à l'intérieur de la ville, car il fut défendu à tous les couvents de s'établir hors des remparts. Leur requête fut rejetée. Ils décidèrent alors de se rendre à Lierre. Le 23 août fut posée la première pierre du nouveau monastère. Ce n'est qu'en 1549 que le chapitre de Saint-Gommaire donna officiellement l'autorisation aux chartreux de construire une église et deux ans après seulement Charles Quint permit l'installation officielle à Lierre. En vue de la construction du nouveau monastère, le prieur, Henri de Bruyne, se vit obligé de vendre de nombreux biens et d'emprunter de l'argent. Son successeur, Pierre Scherpenisse, continua la construction. Les religieux de Geertruidenberg, chassés de leur maison, demandèrent en 1573 un refuge temporaire à Lierre. Les chartreux de Sainte-Catherine les aidèrent dans la mesure du possible, mais l'année 1580 fut aussi pour eux une année catastrophique. Antoine van Eynde, le premier prieur qui fut profês de la nouvelle maison, dut évacuer la chartreuse entre 1578 et 1581, probablement en 1580. L'écuyer Adolphe van Heetvelde, gouverneur de la ville, s'installa dans la chartreuse et la garda ainsi pour les religieux. Les moines expulsés par les Gueux ne rentrèrent qu'en 1584. Ils restaurèrent incessamment leur monastère détruit en grande partie par les Iconoclastes. Le prieur réussit même à décharger sa communauté de plusieurs charges financières en payant des dettes. Ce ne fut pourtant pas encore la fin des misères puisqu'en 1595 ils durent s'enfuir de nouveau, la ville de Lierre étant assiégée par le gouverneur de Breda, Hêraugières. Heureusement cette fuite fut de brève durée.
Le dix-septième siècle se passa sans grands événements. On ne voit que des indications se rapportant à l'embellissement du monastère. La visite spéciale de novembre 1609 n'eut pas de répercussions sur cette maison. Il n'est même pas exclu que Lierre ne fut pas visité. Le prieur François Schotte (1623-1639) fut désigné par le Chapitre Général comme commissaire de la visite canonique de la maison de Tournai, située dans la [70] province picarde. La maison prospéra car on trouve dans les archives encore quelques achats de biens et rentes.
Le dix-huitième siècle fut, comme pour toutes les autres chartreuses, le siècle du déclin se terminant par l'édit de Joseph II. En 1714 l'église devint réfectoire et on construisit une nouvelle église, terminée le 21 septembre 1718. Ce fut pour ainsi dire le dernier embellissement du monastère.
Lors de la suppression des jésuites en 1773, plusieurs d'entre eux se firent chartreux. À Lierre, deux anciens jésuites vinrent s'installer dans la chartreuse sans toutefois se faire chartreux. Situation tout à fait exceptionnelle! Il s'agit du père Charles Barneval, né à Anvers, qui se retira à la chartreuse de Lierre en 1773 ou 1774 avec le père Jacques Terrier, né à Courtrai et décédé à Lierre le 18 novembre 1776. Le premier soigna le dernier. Après la mort de Jacques Terrier, Charles Barneval prit pension en ville.
L'édit de Joseph II de mars 1783 fut proclamé devant la communauté réunie le 24 avril et bientôt les neuf moines et les deux convers durent abandonner leur monastère. La vente des biens de l'ancienne chartreuse commença immédiatement. Ce fut la fin de l'histoire peu mouvementée de la chartreuse de Sainte-Catherine qui fut installée pendant 220 ans à Anvers et pendant 240 ans à Lierre.
Quelques moines méritent d'être relevés ici: Christian Noutz, profês de Lierre, devint en 1562 procureur de la maison de Zierikzee. Il fit une seconde profession à Bruxelles dont il fut prieur de 1565 à 1596; il gouverna ensuite la maison de Lierre de 1596 jusqu'à sa mort le 20 septembre 1599. Après avoir été convisiteur de 1573 à 1575, il fut visiteur de 1575 jusqu'au jour de son décès. Guillaume Willems, profês de Lierre, en fut procureur et puis prieur de 1608 à 1625. Le Chapitre Général de 1625 le désigna comme recteur de la nouvelle fondation d'Anvers. Il y mourut déjà le 27 septembre de la même année. Antoine de Witte, né en 1711, fit sa profession monastique à Lierre en 1732. Il devint procureur de sa maison et le 4 septembre 1749 prieur. Il le resta jusqu'à la suppression en 1783, c.à-d. pendant trente-quatre ans. Il mourut le 15 février 1784.
[Blüm 1983f]336-337 : Antwerpen/Belgien, Kartause zur heiligen Katharina 1324-1783, ab 1543 in Lier (Cartusia Sanctae Catharinae)
[336] Die Kartause wurde 1324 durch Stephan Wilmaers und Arnold von Hovorst nahe einer der heiligen Katharina geweihten Kapelle gegründet. Darum auch ihr Name. In den ersten Jahren diente die Kapelle als Klosterkirche. Erster Prior war Johannes von Boechout. Weil der Aufbau der Neugründung nur langsam voranging, erfolgte die Einverleibung in den Orden erst im Jahre 1336.
Zur Zeit des abendländisehen Schismas (1378—1417) war Wilhelm von Waldenoy Prior, der vor seinem Klostereintritt ein angesehener Gelehrter gewesen war. Im Laufe des 15. und zu Beginn des 16. Jahrhunderts erwarb die Kartause durch Kauf und Schenkungen immer mehr Grundbesitz. Doch dann wendete sich die Lage. Von 1527 an [337] legte Kaiser Karl V. zur Finanzierung seiner Kriegsvorhaben der Kartause (wie allen Klöstern) eine schwere Steuerlast auf, die nur durch Verkauf von Grundbesitz getragen werden konnte. Im jahre 1542 wurde die Kartause aus strategischen Gründen angezündet. Die Mönche erhielten nicht die Erlaubnis, sich innerhalb der Stadt niederzulassen. Deshalb begannen sie in der Nachbarstadt Lier eine neue Kartause zu bauen. Der Prior Heinrich von Bruyne entfaltete dabei einen großen Eifer, was ihn nicht daran hinderte, einige Schriften des Dionysius zu veröffentlichen. Der 1549 eingesetzte neue Prior Petrus Scherpenisse mühte sich viel um die Stärkung der Ordenszucht. 1578—1581 mußten die Mönche ihr Haus verlassen, das die Geusen verwüsteten. 1595 mußten sie wiederum fliehen, als der Gouverneur von Breda die Stadt Lier einnahm.
Im Jahre 1617 starb P. Bartholomäus Vincent, Profeß dieses Hauses, im Alter von nur 22 jahren, nachdem er sich der Abtötung mit solchem Eifer hingegeben hatte, daß ihn die Oberen kaum zu zügeln vermochten. Prior Franziskus Schotte (1625-1639), der vor seinem Ordenseintritt Offizier gewesen war, zeichnete sich durch beispielhafte Sammlung und Liebe zu den Armen aus. Der Vikar und Rektor von Lier, Godfried von Halmael († 1631) zeigte inmitten größter Leiden eine heroische Geduld. Bei der Aufhebung der Kartause durch Kaiser Josef II. im Jahre 1783 bestand der Konvent aus neun Mönchen und zwei Konversbrüdern.
Literatur: Albert Gruys, Bibliographia Cartusiana, Paris 1977, 230-231; Maisons de l’Ordre des Chartreux, tom. 2, Parkminster 1919 [1915], 257-259.
[Hendrickx 1975e]175-178 : Kartuize Sint-Catharina-op-de-berg-Sinaï op het Kiel bij Antwerpen 1324-1783, vanaf 1543 binnen de stad Lier (Domus Sanctae Catharinae, Cartusia Lyrana, Cartusia Sanctae Catharinae Lyrae)
[175] Wanneer men afziet van de legenden rond de oorsprong van het kartuizer-klooster op het Kiel bij Antwerpen, zijn er meerdere personen, die men als stichters-weldoeners kan aanwijzen: Als primus promotor fundationis et constructionis is genoemd Steven Wilmaers, kapelaan van de O. L. Vrouwekathedraal, die zijn goederen te Mortsel en Edegem aan de initiatores uit Herne schonk (akte van 17 februari 1343), en schepen Arnold van Hovorst sr. als de originalis et principalis fundator, die het jonge convent jaarlijks met een klein kapitaal bedacht opdat het zich zou kunnen bestendigen (akte van 17 mei 1368). De stichtingsdatum kan bij benadering worden opgemaakt uit de datum van de oudste bekende oorkonde die betrekking heeft op de kartuize van het Kiel: dit charter, gedateerd op 24 maart 1324, gaf, namens de deken en het kapittel van O. L. Vrouw – de parochie waartoe het Kiel behoorde – verlof aan Jan van Boechout, de eerste prior, om ter plaatse een klooster te bouwen en het omschreef bovendien de verhoudingen van het klooster tot het kapittel. Er waren voor die datum dus al verscheidene voorbereidende aktiviteiten geweest. En deze moeten in elk geval na 1321 hebben plaatsgevonden, want op dat moment was Jan nog procurator te Herne. Het verdrag met het kapittel werd op 20 april 1325 door de bisschop van Kamerijk bevestigd. De eerste monniken kwamen [176] niet alleen uit Herne, maar ook uit de kartuizen van Valenciennes en Brugge.
Vlak bij de plaats waar het nieuwe klooster werd gesticht was in de 13e eeuw een kapel toegewijd aan de H. Catharina. Ter ere van deze heilige werd de kartuis gesticht, zo meldt ons de goedkeuringsakte van Hertog Jan III van Brabant op 18 juli 1324. Het was deze kapel die de kartuizers vanaf 1325 als kerk gebruikten tot in 1337 de kloosterkerk was voltooid. Een reeks altaren in die kapel werd op 29 april 1325 gewijd. In dezelfde oorkonde bepaalde de hertog dat de kartuizers zich goederen mochten verschaffen tot een waarde die jaarlijks de rente van 200 pond tournoois opbracht en tegelijkertijd amortiseerde hij die goederen. Het klooster had echter aanvankelijk weinig inkomsten: deze bedroegen niet meer dan drie en een half pond groten tournoois. Maar langzamerhand werd een zeker stoffelijk bestaan opgebouwd door de schenkingen van weldoeners. Twee van hen mogen wij in het bijzonder vermelden: de legendarische stichter Dankaart de Molenere, die rond 1332 de kartuize met grond te Edegem en Camdonc begiftigde, en Hendrik Hellewaghen, een Duitse koopman, die in 1333, het jaar van zijn overlijden, de bouw van de kerk, de kapittelzaal, de refter, de keuken, het gastenhuis bij de keuken, een gedeelte van de muur langs de Schelde en een cel zou hebben bekostigd. Met de bouw van cellen was men al een hele tijd eerder begonnen: in 1326 konden er zeker 5 of 6 monniken worden gehuisvest. Niet alleen door schenkingen maar ook door zelf terreinen aan te kopen breidde het convent zijn grondbezit uit, bijvoorbeeld in 1345 te Oelegem en Schilde. Rond hun klooster kochten de monniken vrij spoedig een vierde deel van de heerlijkheid van het Kiel. In 1381 werd opnieuw een evengroot deel aangekocht.
De priorij werd in 1336 ingelijfd bij de orde. Terwijl enerzijds de zorgen voor de materiële veiligheid haar bezighielden, kon ze toch niet de ongunstige invloeden van het gebeuren buiten haar ontlopen. Tijdens het Westers Schisma volgde ze de paus van Avignon. Prior rond deze tijd was magister Willem van Waldenoy, die voor hij in Vauvert werd geprofest een befaamd academicus was geweest.
Ook tijdens de 15e en in het begin van de 16e eeuw verkreeg het Sint- Catharinaconvent steeds meer grondbezit, hetzij door aankoop, hetzij door schenkingen. Zo kocht het huis in 1408 gronden te Boortmeerbeek en in 1445 te Aarschot. In 1410 kochten de kartuizers de andere helft van de heerlijkheid van het Kiel, die, ondanks de eraan verbonden feodale verplichtingen in 1413 werd geamortiseerd, wat in 1401 al met het overige deel was gebeurd. In het algemeen namen de aankopen toe na 1437 en werden na 1460 weer minder. Ook de bouw van het klooster werd in de 15e eeuw voortgezet. In 1409 waren er 12 cellen. Op het einde van de 15e eeuw waren er 17. Zelfs werd er tussen de jaren 1473 en 1480 een nieuwe kerk opgetrokken. Bij de stichting van de kartuizen van Scheut en Leuven verleende het klooster Sint-Catharina zijn medewerking.
[177] In de 16e eeuw ging de financiële situatie zodanig achteruit, dat de kartuizers in 1540 gedwongen waren om de heerlijkheid van het Kiel aan de stad Antwerpen te verkopen. De oorzaken van deze achteruitgang liggen voor de hand, wanneer men kijkt naar de gebeurtenissen van die tijd. In 1475 en 1515 eisten de Bourgondische vorsten de amortisatiegelden op. Vanaf 1527 legde Keizer Karei V ter bekostiging van zijn oorlogsverrichtingen de kloosters een hoge schatting op. Bovendien eisten overstromingen van de Schelde en de werkzaamheden om de landerijen opnieuw in te dijken, een zware financiële tol. In 1533 hief Karei V bovendien belastingen op het kapitaal van de kloosters.
In dat jaar verleende de kartuis met 21 cellen onderdak aan de prior, 13 geprofesten en 2 hospites. In 1540 was het aantal monniken teruggelopen tot 12. Twee jaar later, op 26 juli 1542, werd de kartuizerpriorij van het Kiel op last van de magistraat van de stad Antwerpen afgebrand om te beletten dat Maarten van Rossum er zijn troepen zou legeren en vandaar uit zou proberen om Antwerpen in te nemen.
Reeds in 1543 vroegen de kartuizers, die evenals andere kloosters geen verlof meer kregen om zich buiten de stad te vestigen, aan het stadsbestuur of ze nu binnen de stad een klooster mochten stichten, maar hun verzoek werd afgewezen. Daarom trokken ze naar Lier, waar op 23 augustus de eerste steen voor het nieuwe convent werd gelegd. In de akte van het kapittel van Sint-Gommars uit 1549 staat vermeld dat de kartuizers de toestemming is gegeven om een kerk te bouwen. Pas op 10 juli 1551 gaf Karei V zijn officiële toestemming voor de vestiging te Lier.
Ook hier verliep hun bestaan niet onbedreigd. Nadat zij zelf in 1573 aan de kartuizers van Geertruidenberg een tijdelijk onderdak hadden verleend moesten zij tussen 1578 en 1581 hun klooster verlaten voor de Geuzen. Maar Jonkheer Adolf van Heetvelde, die de prins van Oranje als militaire opperbevelhebber vertegenwoordigde, betrok de priorij zelf en deze bleef daardoor voor de kartuizers behouden. Dezen keerden in 1582, toen Lier weer Spaans werd, terug. Daarna vluchtten ze nog eenmaal uit het klooster toen Lier door de gouverneur van Breda in 1595 overrompeld werd. Voor zover de gegevens over de kloosterbouw uit de 17e eeuw bekend zijn, schijnt het dat er vooral aandacht werd besteed aan de opluistering van de kloostergebouwen, bij welke gelegenheid er glasramen werden vervaardigd en een aantal schilderijen door Erasmus Quellinus.
De kerk werd in 1714 omgevormd tot refter en er werd een nieuwe kerk gebouwd, die op 21 september 1718 werd voltooid. Ook de Lierse kartuis kreeg gaandeweg te maken met de bemoeienissen van de keizer-koster Joseph II. Op 30 april 1780 moest reeds de algemene inventaris opgemaakt worden. Na de afkondiging van het opheffingsdecreet voor de kartuizergemeenschap op 24 april 1783 verlieten de 9 monniken en 2 conversen hun klooster. Als datum wordt genoemd 29 april of 1 juli 1783. Het meubilair werd in het openbaar verkocht. Zo verwierf het museum te Antwerpen vijf schilderijen van Erasmus Quellinus. Enkele van de glasramen zijn [178] bewaard in het Royal Museum te Canterbury. De huidige Sint-Gummaruskerk bezit ook enkele kostbare voorwerpen die uit het kartuizerklooster afkomstig zijn, zoals een koperen lezenaar met het beeld van Sint-Bruno.
Maisons de l’Orde des Chartreux: vues et notices
dl. 2, Montreuil-sur-Mer 1915, 257-260 : Lierre
- 1. Met afbeeldingen.
- 2. Afbeeldingen.
- 3. F. Prims, Wat is er met Hugo Nose gebeurd, dans: Antwerpsch Archievenblad, 249-267, Anvers 1927. – F. Prims, De eerste kapel van het Kiel, dans: Antwerpiensia 1928, 46-49, Anvers 1929.
- 4. Il existe 2 exemplaires originaux de l’acte du 24 mars 1324. L’un se trouve ux A. É. Anvers, Chatreux d’Anvers et Lierre, charte du 24 mars 1324, l’autre aux A Cathédrale d’Anvers, Capsa 18, dom. 50bis. Il est pubkié par P. Goetschalckx, ‘'t Klooster der Karthuizers op ’t Kiel’, dans: Bijdragen tot de geschiedenis, VI, 44-45, Ekeren-Donk, 1907, et J. Diercsxens, Antverpia, Christo nascens et cresens ..., II, 52-54, Anvers, 1773. Aux A. Cathédrale d’Anvers on conserve encore un acte du 24 mars 1324, Capsa 18, dpm. 53(2).Cet acte, qu’om ne trouve pas dans les archives de la chartreuse, contient le texte d’un autre accord entre les chartreux et le Chapitre. Cet accord renvoie à un accord conclu entre les prédécesseurs des parties au moment de la fondation de la chartreuse, ce qui rend cet acte certainement suspect.
- 5. A. Raissius, Origines Cartusiarum Belgii, 31, Douai 1632.
- 6. J. Le Roy, Notitia Marchionatus Sacri Romani Imperii, 81, Amsterdam 1678.
- 7. J. Diercxsens, Antverpia, Christo nascens et crescens ..., II, 47 et 51, Anvers, 1773.
- 8. A. ’É. Anvers, Chartreux de Lierre, 22, f. 130.
- 9. P. Goetschalckx, ‘'t Klooster der Karthuizers op ’t Kiel’, dans: Bijdragen tot de geschiedenis, VI, 21, Ekeren-Donk, 1907.
- 10. D. Papabrochius, Annales Antwerpiensis, I, 94, Anvers 1846.
- 11. [Delvaux 1972a]1434-1435. On retrouve une description de la méthode, suivie à l’occasion de l’érection d’une nouvelle chartreuse, dans une lettre du prieur général du 11 décembre 1328 : cf. C. Le Couteulx, Annales Ordinis Cartusiensis, V, 232-234, Montreuil-sur-Mer, 1889
- 12. A. É. Anvers, Chartreux d’Anvers, 14. f. 116.
- 13. A. É. Anvers, Chartreux d'Anvers, 14, f. 115 v°.
- 14. A. É. Anvers, Chartreux d'Anvers, 2, f. 139.
- 15. A. É. Anvers, Chartreux de Lierre, 22, f. 132.
- 16. A. É. Anvers, Chartreux de Lierre, 22, f. 130 et 132.
- 17. Prov. d’Anvers, canton de Kontich.
- 18. A. É. Anvers. Chartreux d'Anvers, 14, f. 24 v°.
- 19. T. Petreius, Chronicon Cartusiense..., 373-374, Cologne, 1609.
- 20. A. É. Anvers, Chartreux d'Anvers, 14, f. 23 v°-24.
- 21. A. É. Anvers, Chartreux d’Anvers, 14, f. 69.
- 22. Prov. d’Anvers, canton de Berchem.
- 23. A. É. Anvers, Chartreux d'Anvers, 14, f. 27. – A. É. Anvers, Chartreux d‘Anvers et Lierre, charte du 17 février 1343.
- 24. C. Le Couteulx, Annales Ordinis Cartusiensis, V, 171, Montreuil-sur-Mer, 1889.
- 25. A. É. Anvers. Chartreux d’Anvers, 2, f. 139.
- 26. F. Prims, Geschhiedenis van Antwerpen, IV, 3, 66, Anvers, 1933.
- 27. Archives de la Grande Chartreuse, A-v, 9a, 2.
- 28. A. É. Anvers, Chartreux d'Anvers, 14, f. 7. — P. Goetschalckx, ’t Klooster der Karthuizers op ’t Kiel, dans Bijdragen tot de geschiedenis, VI, 46, Ekeren-Donk, 1907.
- 29. A. É. Anvers, Charlreux d’Anvers et Lierre, charte du 20 avril 1325.
- 30. Afbeeldingen.
- 31. J.-F. Kieckens, ‘Pierre de Thimo, avocat Pensionnaire de la ville de Bruxelles ...’, dans: Annales de l’Académie d’Archéologie de Belgique, 49 (1897), 57-213, p. 84.