Historia brevis rerum generalium
[Gaens & De Grauwe 2006]135-1361 : Sint-Sophia 1625-1783 (Domus Antverpiae)
Einde 1622 vroegen de priors van Gent, 's-Hertogenbosch, Brussel en Lier aan de Antwerpse magistratuur de toelating om een nieuw klooster te bouwen. De stad ging akkoord en in 1623 gaf de prior-generaal aan Jan De Ram, voormalig stadstresorier van Antwerpen, volmacht om terreinen aan te kopen. Deze deed het nodige maar er gebeurde niets tot 1625, toen de prior van Lier, Willem Willems, tot rector benoemd werd. De eerste monniken kwamen uit Lier.
In het begin werd er nog naar het Sint-Rochusgasthuis gegaan om de mis te vieren, maar in 1626 kon al een eerste kapel gewijd worden. In 1629 werd het huis opgenomen in de Orde.
De materiële uitrusting was behoorlijk om te starten. In het obituarium van het klooster worden verschillende weldoeners vermeld, onder meer ridder Pieter Daems, Antwerps senator en heer van Dion en Noirmont, en zijn echtgenote Elisabeth de Witte. Zij waren de ouders van de monnik Petrus Daems, een Liers profes, auteur en prior van Antwerpen van 1633 tot aan zijn dood in 1653. Diens broer Sebastiaan Daems behoorde ook tot de weldoeners.
Gedurende 50 jaar werd er verder gebouwd aan het klooster. De nieuwe kerk, gewijd aan het H. Kruis, werd in gebruik genomen in 1677.
In 1783 werd het klooster opgeheven.
[De Grauwe 2005o]244 : Chartreuse d’Anvers
Fin 1622 les prieurs de Gand, Bois-le-Duc, Bruxelles et Lierre demandent à la magistrature d'Anvers de pouvoir construire à Anvers un nouveau monastère. La ville d'Anvers donne son accord. Au début de 1623, le prieur général donne à Jan de Ram, ancien trésorier d'Anvers, procuration d'acheter des terrains pour la nouvelle maison. Il fait le nécessaire, mais aucun prieur n’ose se montrer à Anvers de peur que le chapitre de Bois-le-Duc sache que les chartreux veulent quitter cette ville pour Anvers. On ne fait plus rien jusqu’en 1625. On décide alors que les moines restent à Bois-le-Duc et que l'on commence une nouvelle fondation à Anvers. A la fin du mois de juin 1625 le prieur de Lierre, Guillaume Willems, devient recteur d'Anvers. Le chapitre général de 1629 incorpore officiellement la nouvelle chartreuse. On cornmence la construction définitive. L'église est consacrée en 1677. L'histoire de la maison ne montre pas de grands événements. Le décret de Joseph II du 17 mars 1783 met fin à cette petite chartreuse, que les moines quittent le 30 juin 1783.2
[Delvaux & De Grauwe 1993b]736-737 : Chartreuse d’Anvers
[736] Les moines de la maison Sainte-Sophie à Bois-le-Duc craignant de ne plus pouvoir rester dans cette ville, aimeraient avoir la garantie de pouvoir s'installer ailleurs, le cas échéant. C'est pour cette raison que3 le 23 décembre 1622 les prieurs de Gand, Bois-le-Duc, Bruxelles et Liège envoyèrent au nom de l'Ordre des Chartreux une requête aux magistrats d'Anvers dans laquelle ils demandèrent de pouvoir ériger un nouveau monastère dans la ville. Ils en appelèrent à la permission faite par la ville en 1542, après la destruction de la chartreuse du Kiel, comme quoi les chartreux pourraient construire une nouvelle chartreuse à l'intérieur de la ville. Les prieurs proposèrent comme lieu de construction la nouvelle ville (“nieuwstad”). La réponse4 de la magistrature était affirmative. Au début de 1623 le prieur-général donna à Jean de Ram, ex-trésorier de la ville d'Anvers, plein pouvoir pour acheter au nom de l'Ordre les terrains nécessaires5. Le prieur de Lierre, dom 6 entre Jean de Ram et les chartreux. De Ram réussit à persuader les chartreux à s'installer ailleurs, c.-à-d. le long de la Begijnenstraat et Sint-Rochusstraat où se trouva le refuge des moines de Lierre. Il y acheta de nombreuses parcelles dès le 26 avril 1623. Il invita le prieur de Sainte-Sophie de venir se rendre compte sur place du nouvel emplacement. Mais ce dernier ne tint pas à le [736] faire puisqu'il ne voulait pas que leur départ probable de Bois-le-Duc fût connu par la magistrature de cette ville. Il voulait à tout prix7 sauvegarder la possibilité de rester à Bois-le-Duc. Jean de Ram acheta8 encore quelques maisons en 1623. Puis le silence se fit sur cette affaire jusqu'au9 20 mars 1625. À ce moment le prieur de Sainte-Sophie rédigea un état de la situation: sa communauté résida dans un château à Boxtel, ayant dû quitter la ville de Bois-le-Duc. Mais Jean de Ram, écrivit-il, acheta des maisons délabrées et sans aucune valeur. Il suggéra le chemin à suivre: afin d'éviter des difficultés avec les magistrats et le chapitre de Bois-le-Duc dues aux bruits d'un déménagement éventuel, il fallut qu'un certain nombre de moines restât dans cette ville, mais en même temps il serait souhaitable que des moines aillent s'installer à Anvers. De cette façon on créa l'impression de fonder une nouvelle chartreuse à Anvers. Le chapitre-général suivit la suggestion de Jean van Emmechoven, prieur de S. Sophie, et désigna le prieur de Lierre, Guillaume Willems, comme recteur de la nouvelle maison. Il s'installa avec deux moines et un convers dans le refuge des moines de Lierre d'où ils s'occuperaient de la construction du nouveau monastère à côté de ce refuge. La maison se développa régulièrement grâce à un certain nombre de bienfaiteurs. Elle appartiendra toujours à la provincia Teutoniae de !'Ordre jusqu'à sa suppression en 1783.
[De Grauwe 1985a]254-257, 265-26810 : Anvers
[254] Cette maison qui a toujours été considérée comme continuatrice de la maison hollandaise de Sainte-Sophie à Bois-le-Duc, fut en réalité une nouvelle fondation à Anvers. Plusieurs raisons le prouvent: la dénomination officielle: domus Antverpiae secunda; le premier recteur est l'ancien prieur de Lierre qui pour devenir recteur de la nouvelle fondation fut déchargé de son priorat à Lierre en 1625; il y eut immédiatement des jeunes moines qui firent profession à Anvers et pas à Sainte-Sophie comme il aurait convenu si la nouvelle maison avait été la continuatrice de Sainte-Sophie; enfin il y eut parmi les premiers habitants d'Anvers, pris dans l'obituaire de 1625 à 1660, cinq profès de Lierre, trois d'Anvers, trois seulement de Sainte-Sophie, deux de Louvain et un de chacun des monastères suivants: Arnhem, Grande Chartreuse, Bois-Saint-Martin, Liège et Bruxelles, donc sur dix-huit moines, trois seulement vinrent de Bois-le-Duc.
Nous ignorons encore bien des choses quant à l'origine et l'histoire de cette maison, la deuxième d'Anvers. La première, celle du Kiel, fut détruite en 1542 et les moines s'enfuirent à Lierre. A partir de ce moment il n'exista plus de chartreux à Anvers. En 1625 on les y rencontre de nouveau, mais les conditions de leur retour ne sont guère connues.
Qui a été le véritable fondateur? Il n'est nommé nulle part. On cite dans l'obituaire uniquement les noms de quelques bienfaiteurs: le chevalier Pierre Daems, sénateur anversois et seigneur de Dion et Noirmont11, est le plus important bienfaiteur, singularis benefactor. Il est décédé le 27 juillet 1640. D'autres bienfaiteurs furent Jean Durand, sénateur anversois, décédé en 1635 et Pierre Lossoz, citoyen d'Anvers, mort en 1637. La femme de Pierre Daems, Elisabeth de Witte, est citée également comme bienfaitrice lors de son décès en 1636. Ils appartinrent tous à la magistrature de la ville. Ont-ils demandé aux chartreux de Lierre de revenir vivre dans leur refuge, situé à l'intérieur de la ville? Ont-ils cherché ailleurs d'autres chartreux pour repeupler ce refuge? On l'ignore, mais il n'est pas impossible que quelques moines de Bois-le-Duc, menacés, demandassent de pouvoir habiter cette maison. Une source, peu digne de confiance, raconte que les moines de Bois-le-Duc achetèrent une maison à Anvers pour s'y installer avant 1625. Mais les religieux de Lierre avaient bien auparavant déjà une refuge à Anvers dans la Sint-Rochusstraat. Ce qui est sûr c'est que Guillaume Willems, prieur de Lierre, fut désigné en 1625 comme recteur de la nouvelle fondation et que la chapelle fut consacrée déjà en 1626.
[255] En 1627 le nouveau prieur, Maximilien Plouvier, fut désigné pour examiner de près les comptes de la maison de Sainte-Sophie, momentanément à Boxtel. Un visiteur extraordinaire et le visiteur normal de la province teutonique l'accompagnèrent.
La reconstruction continua et en 1661 le grand cloître fut terminé. Une nouvelle église fut bâtie entre 1673 et 1677. L'évêque Aubert vanden Eede la consacra en décembre 1677, sous le titre Agia Sophia Constantinopolitanae.
Quand les inondations de 1682 et 1684 ravagèrent la ville, tous les religieux durent être logés dans d'autres maisons. Seuls le prieur Nicolas Brouckman, son procureur Embert Hellinc et un frère-donné restèrent au couvent. Mais bientôt tous les religieux purent rentrer et restaurèrent les dégâts.
Une vie peu mouvementée marqua le dix-huitième siècle. Les prieurs se succédèrent sans difficultés, le recrutement s'effectua assez régulièrement et quand en 1783 l'édit de Joseph II mit fin aussi à cette chartreuse, il y vécut dix moines et un convers. L'âge moyen était de 52 ans. Le plus jeune moine avait trente ans.
Le premier mai 1783 l'évêque J. J. F. Wellens se rendit au monastère et s'adressa aux conventuels réunis pour leur faire part des décisions suivantes:
- Il leur est désormais permis de manger de la viande.
- Ils peuvent gérer leurs propres biens et leur argent.
- Ils seront soumis à l'évêque.
- Ils porteront leur cilice et un petit scapulaire comme signe qu'ils sont toujours chartreux, quoique supprimés.
- Ils peuvent choisir leur domicile, mais de préférence vivant ensemble afin de continuer à vivre selon la Règle.
- Qu'ils entretiennent le silence à des moments fixés; qu'ils ne sortent que rarement et qu'ils n'accueillent que peu d'étrangers.12
Le 23 mai l'évêque décida de faire enlever les reliques. Après un long sermon de ce même évêque les moines abandonnèrent leur monastère le 29 juin. Dès septembre commença la vente des meubles. En mai 1784 ce fut le moment de la vente des livres, sauf des livres "rares" quel 'on envoya à Bruxelles. Les tableaux trouvèrent des acquéreurs en décembre. Le 10 août 1785 eut lieu la vente des polders (Borgersweert). Les vitraux furent vendus en septembre 1786. Le 22 décembre 1788 on passa à la vente des pierres tombales et du marbre de l'église.
Entretemps un diamantaire, Martin Cuylits, acquit l'ancienne chartreuse où il installa ses machines. Entre 1788 et 1793 on voit bien des militaires et des patriotes séjourner dans les bâtiments restants. Pendant cette même période [256] continua la vente des autres biens. Mais le 17 décembre 1793 semble avoir eu lieu un revirement: l'ancien procureur Bernard Morre reprit possession du monastère dans l'espoir de recommencer la vie conventuelle. Cet espoir fut malheureusement vite étouffé car vers juillet ou août les troupes françaises envahirent Anvers et mirent fin à l'existence de la deuxième chartreuse d'Anvers. Le 28 mai 1795 un incendie causé par les troupes françaises détruisit encore une partie des bâtiments subsistants. Un certain J. Smets, marchand, acheta le 23 janvier 1798 la chartreuse en "mauvais ètat". En juillet 1799 il la démolit presque entièrement, sauf l'église et l'hôtellerie. En 1834 les moniales capucines vinrent s'y installer et après de nombreux travaux de remaniement y ont commencé leur vie contemplative jusqu'aujourd'hui.13
Dans ce monastère assez effacé nous n'avons trouvé que quelques moines offrant un certain intérêt. Nous les citons dans l'ordre chronologique de leur décès.
- Maximilien Plouvier, né à Vienne en 1566, fit profession à la Grande Chartreuse en 1621. En 1625 déjà il fut nommé recteur de la nouvelle maison d'Anvers dont le supérieur était mort précipitamment, quelques semaines après les débuts de cette chartreuse. En 1629 Maximilien en devint le prieur mais mourut déjà le 9 mars 1630 à l'âge de 64 ans.
- Joseph van Spiers, profès d'Anvers dont il fut en 1664 sacristain et en 1668 procureur, devint procureur des moniales de Sainte-Anne en 1683. Il échangea cette charge contre celle de vicaire de la chartreuse de Bruges en 1699. Trois ans plus tard il est prieur de sa maison de profession pour un an; puis il retourna chez les moniales de 1703 à 1709, mais on le retrouve en 1710 comme coadjuteur d'Anvers où il mourut la même année.
- Hugues van der Biesen. Sa "carrière" cartusienne est la suivante: profès d'Anvers, procureur du Bois-Saint-Martin (1691-1694), procureur des moniales (1702-1703), prieur d'Anvers (1703-1711), prieur de Bruxelles de 1711 jusqu'à sa mort en 1715. Il fut convisiteur de la province teutonique de 1713 à 1714.
- Philippe Joly, né à Anvers, fit profession dans la chartreuse de sa ville natale vers 1702. Il en fut vicaire et procureur avant de devenir en 1718 prieur de Louvain, charge qu'il quitta très vite pour prendre celle de Bruges la même année encore. Il le resta jusqu'à son décès le 23 septembre 1727.
- Pierre Wouwermans était le fils du peintre Philips Wouwermans (1619-1668). Il est né à Haarlem entre 1650 et 1655. Il fit profession à Anvers vers 1674. Après avoir résidé à Bruges comme vicaire (1688-1693) et dans la même fonction à Hérinnes (1693-1695), il habita la maison de Louvain jusqu'en 1712. Dans cette dernière année il devint prieur d'Anvers jusqu'à sa mort survenue en 1730.
- [257] Un dernier nom que nous citons est celui dun autre profès d'Anvers, Bernard Black. Après y avoir été procureur il en devint prieur (1750-1773). Il est mort comme coadjuteur de la même maison en 1774. De 1766 à 1773 il était convisiteur de la province teutonique.
Maisons de l’Ordre des Chartreux: vues et notices
dl. 2, Montreuil-sur-Mer 1915, 261-264 : Anvers14
- 1. Met afbeeldingen.
- 2. Afbeeldingen op p . 356-359.
- 3. A. Év. Anvers, Chartreux d'Anvers, n° 40, f. 32. Les moines qui signent sont respectivement Jacques Denys, Jean van Ernmechoven, Bruno d'Outelair et Guillaume Willems.
- 4. A. Év. Anvers, Chartreux d'Anvers, n° 40, f. 34-36.
- 5. A. Év. Anvers, K 32, comptes de Jean de Ram rédigés le 16 avril 1627.
- 6. A. Év. Anvers, Chartreux d'Anvers, n° 40, f. 39-40.
- 7. A. Év. Anvers, K 31, lettres de Jean de Ram et de Jean van Emmechoven e.a. du 2 mai et du 13 juin 1623.
- 8. A. Év. Anvers, K 31, actes du 6 août et du 10 novembre 1623.
- 9. A. Év. Anvers, K 31, lettre du 20 mars 1625.
- 10. Afbeeldingen.
- 11. Dion est une commune de la province de Namur. Il se peut que ce soit le nom des deux communes du Brabant wallon, Dion-le-Mont et Dion-le-Val, car Noirmont est une partie de la commune Cortil-Noirmont dans la province de Brabant, arrondissement de Nivelles où existent encore les ruines du château de Noirmont.
- 12. Les décisions prises par l'évêque d'Anvers sont identiques à celles que l'on trouve dans d'autres chartreuses. Nous les citons ici en entier comme exemple.
- 13. In het begin van de 21ste eeuw werd het complex aangekocht en gerestaureerd door het Instituut voor Tropische Geneeskunde met de bedoeling er haar postgraduaatopleidingen te concentreren. Zie https://inventaris.onroerenderfgoed.be/erfgoedobjecten/6181, alsook [Engels 2004]. – © Frans Hendrickx.
- 14. De onderschriften van de afbeeldingen melden verkeerdelijk de benaming het eerste Antwerpse kartuizerklooster in zijn voortzetting te Lier.