Annotationes singulares rerum liturgicarum disperse collectae

Biblia
- [Jaricot 2014b]26-27, note 26: Terminationes antiquae
Avant 1582, l'Heptateuque, (les 7 premiers livres de la Bible (Notes 24, 25, 26)), était divisé de telle sorte qu'on lisait un livre chaque semaine, de la Septuagésime au Dimanche de la Passion - il y a sept semaines - sauf que le livre du Lévitique ne durait que 6 jours et le suivant 8 jours: on commençait les Nombres le Samedi. Voici leurs longueurs respectives: Genèse 119 colonnes; Exode: 97; Lévitique: 67; Nombres: 96; Deutéronome: 81; Josué: 55; Juges: 60; (Ruth, 8 1/2 était lu le Samedi.) Une très longue terminaison était assignée pour le réfectoire. En 1585, on divisa en 4 environ ce qui était assigné pour le réfectoire, et en deux les autres terminaisons; mais on n'en exonérait pas pour cela de l'obligation de tout lire comme auparavant; la seule différence était de laisser plus de liberté au Président. Ceci ressort de la rubrique imprimée en tête de l'édition de 1585, tome II: " ... lta tamen ut amodo non certis et quibusdam diebus assignatis terminationibus inhaerentes coangustemur, cum in hac re per novam lectionum assignationem provisum fuerit. Sufficit enim ut in Dominica Septuagesimae Heptatheucus incipiatur, et ante Dominicam Passionis terminetur, non per singulas Dominicas eum distinguendo".
- [Jaricot 2014b]27, note 27: Quantitas quae legenda est
Comme le prouve le texte que nous avons reproduit à la fin de la note précédente, on était tenu de lire toute la Bible chaque année. Pour cela, il fallait souvent lire plusieurs terminaisons le même jour. Ceci est évident pour ce qui concerne l'Heptatheuque, puisqu'on avait multiplié les terminaisons sans diminuer la matière à lire. Pour le temps de l'Avent, dont la durée est variable (3 à 4 semaines), les 26 terminaisons ne pouvaient être lues en trois semaines, qu'en doublant: à certains jours.
Le temps précédent l''Avent, Novembre, on lit Ezechiel pendant 4 ou 5 semaines; comme il y a 27 terminaisons, on divisait, au contraire, en deux celles de la 1ère semaine, au cas où il y en avait cinq. Avant la Septuagésime, les Epitres de S. Paul, qui sont divisées en 43 terminaisons, pour être lues en deux semaines, devaient l'être à raison de trois terminaisons à la fois chaque jour. Suivant la longueur de cette période, on calculait ce qu'il fallait lire chaque jour. Les terminaisons des autres livres que l'Heptatheuque n'ont subi que d'insignifiantes corrections. La suppression des prologues entraina ces modifications. Dom Le Masson fit supprimer certains passages, (comme on l'a fait depuis), soit parce que fastidieux - longues généalogies de noms incompréhensibles ou imprononçables, pour qui n'est pas hébraïsant, - ou scabreux pour des mentalités modernes. Ceci réduisit quelque peu le pensum à acquitter. Avec la suppression de 30 jours de réfectoire, (et dernièrement 12 de plus), il est matériellement impossible de tout lire, aussi on n'a maintenu que l'obligation de lire tout au moins tous les débuts des livres. Nous ne savons pas quand on fut dispensé de lire plusieurs terminaisons à l'Eglise en une seule nuit.
- [Jaricot 2014b]27-28, note 28 Textus
Tant que le texte restait manuscrit, le Chapitre Général se bornait à recommander de réviser soigneusement les textes en usage. Mais quand il fallut se conformer aux décrets du Concile de Trente, la question se posa de savoir sur quel texte il fallait se baser. Une Ordonnance de 1583 prescrivit de se conformer à la Bible de Louvain, dont un exemplaire fut envoyé à chaque Province, avec obligation pour les Visiteurs de surveiller l'exécution des révisions. Les nouvelles terminaisons étaient marquées sur ces livres, et en même temps on avertissait de ne plus lire les prologues, qui restaient en dehors de ces nouvelles divisions. Il s'agissait à ce moment de corriger les manuscrits. Bientôt, on décida d'adopter un texte imprimé; ce fut celui de la Plantiniana de 1603, qui fut établie sur la recension de Clément VIII. Plus tard, on adopta l'édition de Lyon de 1675, qui reçut en marge les terminaisons cartusiennes. Nous avons à Montalègre des exemplaires de ces Bibles, et même la plus ancienne contient les terminaisons antérieures à 1583, et en surcharge ces dernières. Enfin, en 1884, les Chartreux imprimèrent des Bibles à leur usage, dont nous nous servons encore actuellement. Une Bible de 1672, à Montalègre, prouve qu'à cette date on ne faisait encore aucune omission, car les terminaisons marquées n'en font point état; puis des corrections postérieures indiquent ce qu'il faut omettre. Ceci situe la date approximative de cette innovation, qui est du reste confirmée par d'autres preuves, comme me l'a affirmé le Vénérable Père Archiviste [Dom Artaud Sochay].

Lectiones (temporis descriptio)
[Jaricot 2014b]35, note 44. Il s'agit de la Bible uniquement, dont nous connaissons les terminaisons avec exactitude, (Cf. Notes 26 et 27). Si nous prenons un texte imprimé et comptons le nombre de colonnes lues en moyenne chaque nuit, et estimons le temps nécessaire pour lire une colonne, auquel on ajoute le temps requis pour les répons, on arrive facilement à connaître le temps approximatif employé à lire les leçons.
NOVEMBRE: Ezechiel et les petits Prophètes remplissent 215 colonnes divisées en 27 terminaisons de 8 colonnes en moyenne. Dans le cas (assez rare) où il y avait 5 semaines, les deux 1ères il n'y avait que 4 colonnes à lire.
AVENT: Isaïe n'a que 115 colonnes divisées en 26 terminaisons de 4 1/2 chacune. Quand la période était courte, il fallait lire deux terminaisons pendant quelques jours.
AVANT LA SEPTUAGESIME: Epitres de S. Paul, divisées en 43 terminaisons pour 180 colonnes, soit 4 en moyenne. Il fallait lire parfois 3, parfois 2 terminaisons par nuit, parfois une seule, suivant la durée de cette période.
DE LA SEPTUAGESIME À LA PASSION: Les terminaisons de la 1ère semaine avaient 13 colonnes environ, celle de la 2ème: 10; de la 3ème. 9; de la 4ème aussi 9; de la 5ème. 9; de la 6ème: 6; et la 7ème aussi.
APRES PAQUES: Les terminaisons n'ont guère que 4 colonnes, et la dernière un peu moins, car on lit au réfectoire une partie de !'Apocalypse.
Nous proposons que le temps pour lire une de ces colonnes était de 1 minute 3/4 environ, et pour un répons 2 minutes en moyenne, soit 6 pour trois. Les plus longues leçons étaient celles de la 1ère semaine de Septuagésime, 13 colonnes; puis quand il y avait 3 terminaisons des Epitres de S. Paul cela faisait 12 colonnes; dans les autres cas, il y en a 10, 9, 8, 6, 4 l/2, 4. Le temps requis maximum est donc en chiffres arrondis 23 minutes pour 13 colonnes,21 pour 12; 18 pour 10; 16 pour 9; 14 pour 8; 11 pour 6; 7 pour 4. Auxquels chiffres, il faut ajouter 6 pour les Répons. Le maximum était donc une demi-heure et 10 minutes au minimum. Il est clair que la différence entre le temps que duraient les Offices primitifs et les
actuels ne provenait point des leçons - comme certains l'ont affirmé sans avoir jamais étudié la question probablement.
Pour fixer ces chiffres - qui ne sont d'ailleurs qu'approximatifs - nous avons fait plusieurs essais, montre en main; de même, pour estimer le temps que dure actuellement la psalmodie, nous avons utilisé une montre; mais chacun pourra faire ses propres calculs, lesquels varient avec les maisons.

Psalmodia (temporis descriptio)
[Jaricot 2014b]34-35, note 44: Une première difficulté du calcul vient de ce que la longueur des psaumes diffère de jour en jour, comme on sait: pourtant, si l'on prend en bloc Matines et Laudes, la différence n'est pas énorme, sauf le Samedi. En effet, l'écart entre le maximum et le minimum ne dépasse pas 20 %, ce qui veut dire que si la durée moyenne est de 60 minutes, le jour le plus long sera 66 et le plus court 54, soit 10 % en plus ou en moins. Si la moyenne était de trois heures, (comme nous le supposons), les jours maximum, la psalmodie durait 18 minutes de plus, et les minimum 18 de moins. Quant au Samedi, il dure près de 50 % de plus, soit 4 heures et 1/2 au lieu de trois. On peut raisonnablement croire que ce jour-là on avait coutume d'accélérer le rythme, de diminuer l'intervalle, ou même de le supprimer presque, (il durait 20 minutes au maximum); ceci aussi pouvait se faire pour les autres jours plus longs. Une deuxième difficulté provient de la date mobile de Pâques; ayant un mois d'écart entre les deux extrêmes, cela entraînait un écart de 90 minutes dans la durée des nuits; alors que la quantité d'Office à réciter était la même, ainsi que la longueur des leçons. (Voir Chapitre 23). Une troisième vient de ce que l'horaire lui-même était fort élastique - la conception moderne de ponctualité faisait défaut, et les moyens d'estimer les heures assez indécis. L'état du ciel, plus ou moins nuageux avançait ou retardait le crépuscule et l'aurore, qui variait ainsi indépendamment du facteur constant qui était la hauteur du soleil sur l'horizon, qui est connue par les astronomes