Amsterdam (Chartreuse)

AMSTERDAM (Chartreuse).
Son titre officiel est chartreuse du Port-du-Salut de Saint-André. Cette maison n’eut pas de fondateur bien déterminé. On dit communément que Guillaume l’Insensé, comte de Hollande et de Hainaut, mort en 1389, avait eu, avant sa folie, l’intention de fonder une chartreuse dans sa capitale, et que son frère Albert en exécuta le dessein. Un document authentique contredit cette opinion. En 1393, le chapitre général des chartreux urbanistes chargea quatre prieurs de se rendre à Amsterdam, pour constater si les consuls et les citoyens avaient réellement effectué ce qu’ils avaient promis de faire, dans une lettre adressée au général de l’ordre. Ainsi, les vrais fondateurs du Port-du-Salut furent les magistrats et les principaux citoyens d’Amsterdam. Cette conclusion est confirmée par les cartes des chapitres généraux, surtout depuis 1393 jusqu’à 1404, dans lesquelles on accorde au comte Albert († 1404), pour ses bienfaits, un tricenaire dans toutes les maisons de l’ordre, sans jamais lui donner le titre de fondateur de la chartreuse. En 1392, il avait autorisé la fondation de la chartreuse d’Utrecht ; et les annales de l’ordre rappellent la générosité de Marie, sa première épouse, envers les chartreux d’Enghien, et les bienfaits de la plupart de ses enfants. Dom Charles Le Couteulx, n’ayant pas trouvé les noms des vrais fondateurs, s’est borné à extraire des cartes des chapitres généraux les noms des principaux bienfaiteurs. Ainsi en 1420, on annonça le décès des citoyens d’Amsterdam, grands bienfaiteurs de la chartreuse : Guillaume de Jacques, prêtre, Agathe, Hermann et Nicolas, ainsi que Volba, épouse de Nicolas. La liste s’arrête à Éric, archevêque de Nidrosie (Scandinavie), qui eut un tricenaire dans tout l’ordre.

La chartreuse fut bâtie dans un faubourg de la ville, sur la voie de Harlem, et reçut, entre autres propriétés, l’île Horne, habitée par sept familles chargées de la cultiver. Tant que les Pays-Bas conservèrent l’unité de la foi, la chartreuse d’Amsterdam, ainsi que les autres monastères, eut une existence tranquille et prospère. La régularité des religieux fut remarquable et, malgré la perte de ses archives, on constate avec édification que plusieurs de ses prieurs figurent avec honneur dans les éphémérides de l’ordre, où l’on raconte la vie et les vertus des chartreux les plus illustres par leur sainteté. Mais les guerres de religion vinrent semer la désolation et l’hérésie dans cette région. Selon Surius, les chartreux furent chassés par les Gueux, vers la fin de l’année 1566, et leur monastère dévasté quelques mois après. En 1573, le chapitre général défendit au prieur d’entreprendre aucune reconstruction ou réparation dans la maison qui avait été détruite et brûlée, sans le consentement des Pères visiteurs et des commissaires qui devaient bientôt se rendre sur les lieux. En 1585, l’ordre ayant perdu toute espérance de rentrer dans ses biens, le chapitre général ordonna au prieur de se rendre auprès du visiteur de la province, qui lui indiquerait dans quelle maison il devrait se retirer. Le prieur, qui demeurait à Harlem, chez André Braun, consul de la ville, obéit promptement et alla finir ses jours à la chartreuse de Mayence (20 février 1590).

Liste des prieurs connus. — Jean Balen, gouverna cette maison pendant six ans et celle de Diest dix ans, † 21 octobre 1475. — Jean Bolhusen, après avoir été prieur d’Amsterdam, mourut vicaire de la chartreuse de Gand, le 24 juin 1455. — Jean Versaren (van der Saren), profès de Gand, prieur d’Amsterdam, 1454-1460, et de Gand, 1460 à sa mort, 29 septembre 1471. — Paul Joannis, 1478-1479. — Tymanne Petri, autrement Croock, prieur d’Amsterdam, et deux fois de Bois-le-Duc, 1475-1477 et 1484-1497, † 16 juillet 1501. — Jean Jacobi, † 22 février 1500. — Lambert Frikenden, † 7 septembre 1534. — Simon Gheraerdi, † 20 juillet 1540. — Le 12 septembre de la même année, mourut son successeur, D. Jean Lamberti. — Gérard Petri, † 28 octobre 1541. — Jean Isbrandi, 24 décembre 1560, avait été prieur et procureur. — Gérard Fabius fut prieur jusqu’en 1568, et, après avoir vécu laudabiliter dans l’ordre pendant cinquante ans, s’endormit dans le Seigneur le 26 avril 1571. — Thierry Simonis, dernier prieur, 1568-1572 ou 1573, garda son titre jusqu’à sa mort, 20 février 1590.

En 1590, la carte du chapitre général annonça l’obit de D. Régnier Vilhelmi, profès d’Amsterdam, hôte à la maison de Ratisbonne. En 1619, la même carte annonça l’obit du frère Henri Courtois, donné d’Amsterdam.

Bibliographie
Raissius, Origines cartusiarum Belgii, Douai, 1632, p. 95-98, reproduit dans le Theatrum chronolog. Carthusiensis ordinis de Morozzo et dans la Storia… del patriarco S. Brunone e del suo ordine cartusiano de Tromby.
D. Le Couteulx, Annales ord. Cartus., 1890, t. VI, p. 503-507.
D. Le Vasseur, Ephemerides ord. Cartus., passim.
H.-F. de Heussen, Historia episcopatuum Belgii… ac coenobiorum origines, fundatores, etc., La Haye, 1719.

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