Lierde-Saint-Martin, Chartreuse de

LIERDE-SAINT-MARTIN, Domus Silvae Sancti Martini ; Conventus Silve Sancti Martini iuxta Lierde ; Chartreuse du Bois lez Grandmont ; clooster der Carthuysers van S. Martens Bosch in Sint-Martens-Lierde, chartreuse dans la Flandre Orientale (Belgique).

Cette chartreuse faisait partie à l’origine de la Provincia Burgundiae ; dès 1332, de la Provincia Picardiae ; à partir de 1411, de la Provincia Picardiae remotioris, devenue en 1474 Provincia Teutoniae.

En 1328, Jean Gheylinc, citoyen important de Grammont et conseiller du comte de Flandre, demande à la Grande Chartreuse l’autorisation de construire une chartreuse. Les prieurs de Valenciennes, d’Hérinnes et d’Anvers doivent s’occuper de cette affaire. Jean Gheylinc qui possède des terrains à Schendelbeke en offre pour la construction de la nouvelle chartreuse, mais très vite on constate que cet emplacement n’est pas propice, étant situé près de la grande route. On décide de transférer ce monastère sur des terres à Lierde-Saint-Martin, également propriété de Jean Gheylinc. Louis de Nevers, comte de Flandre, accepte ce changement par acte du 23 oct. 1329. L’abbé de l’abbaye Saint-Martin approuve la fondation le 1er mai 1330. Dès le début, le monastère jouit de l’aide de plusieurs bienfaiteurs importants. Les premiers moines viennent des maisons de Saint-Omer, Valenciennes, Hérinnes et Bruges. On commence très rapidement la construction qui peut être considérée comme terminée en 1352 avec la consécration de l’église le 22 juillet de cette année.

À partir de 1377, on a des indications selon lesquelles le Bois-Saint-Martin semble mal géré, car les prieurs de Gand et Liège sont désignés pour y remédier. Le nombre des moines est au plus bas : deux ou trois seulement. En 1391, le chapitre général de l’ordre relève même le prieur de l’ordre et le remplace par Liévin van Couckelaer, profès du Bois mais à ce moment prieur de Tournai. Pendant la période du Grand Schisme, le Bois-Saint-Martin est du côté des Clémentistes, mais de 1391 à 1410, il adhère aux Urbanistes, dont la maison-mère est à Seitz.

Dès 1410, une nette amélioration se fait jour grâce au prieur Evrard van Huyssen, qui sera deux fois prieur (1410-1417 et 1427-1436). Sous le priorat d’Arnold Cupers (1444-1449), il est question d’un conservateur contre les envahisseurs des biens de la chartreuse : par bulle du 4 févr. 1356, Innocent VI avait nommé conservateur des privilèges de l’ordre des chartreux le doyen de Saint-Séverin de Cologne avec pouvoir de subdéléguer. Le 26 juin 1446, le doyen de Saint-Séverin subdélègue les abbés de Saint-Martin de Tournai, de Sainte-Gertrude de Louvain et le doyen de Saint-Paul de Liège, parce que les chartreux du Bois-Saint-Martin ne sont pas respectés dans leurs biens par des personnes utriusque sexus. Le 14 oct. 1447, le doyen de Saint-Paul défend dans une longue lettre de toucher aux chartreux ou à leurs biens. Jean van den Hecke, le prieur suivant (1449-1473), gère la maison de façon remarquable. Il est très actif aussi dans la fondation de la chartreuse de Scheut.

Michel Dierickx, originaire de Gand, mais profès du Bois, est prieur de 1506 à 1531. C’est un homme important dans la province teutonique car il est désigné à faire une visite extraordinaire à la chartreuse de Gand et à intervenir à Scheut où les religieux sont invités à faire des cours aux enfants de la paroisse. À l’intérieur de sa maison, il doit s’occuper de Liévin Ammonius dont l’attitude humaniste suscite des querelles. En 1566, le chapitre général adresse des réprimandes sévères à deux moines pour leur mauvaise conduite. Le chapitre général de 1569 se voit obligé de déposer le prieur, Quintin Buydens, et de nommer un recteur. En avril 1578, les Gueux s’attaquent au monastère et le détruisent en très grande partie. Les chartreux sont réduits à la dernière extrémité. On pense à supprimer le Bois. En effet, en 1597, on l’abolit et la chartreuse de Louvain administre ses biens. Mais l’année suivante, le chapitre général revient sur sa décision et permet que l’on reprenne la vie conventuelle. Vers 1616, on compte dix moines et cinq frères : donc un renouveau sérieux. Au milieu du siècle, la maison connaît de nouvelles difficultés : des militaires, aussi bien hollandais que français et espagnols, viennent s’installer au monastère ; d’autres refusent de payer leur logis et plusieurs taxes sont augmentées. Vers 1665 a lieu une nouvelle invasion de militaires. En 1690, les troupes françaises pillent la chartreuse. Au début du xviiie siècle, les dépenses sont souvent supérieures aux recettes. Grâce à des dons importants, le prieur Bruno Van Damme (1709-1738) peut construire la nouvelle église, existant toujours, dont la première pierre est posée en 1722. D’autres bâtiments sont également (re) construits. En 1758, le nouveau prieur, Martin Melaerts (1758-1761) paie des musiciens pour venir jouer le jour de son installation comme prieur. Il s’agit ici d’une certaine décadence, que l’on rencontre pourtant à la même époque dans d’autres monastères. Les dernières années de l’existence du Bois sont marquées par une certaine aisance, voire richesse. Lorsque l’empereur Joseph II décide en 1783 de supprimer aussi cette maison, il s’y trouve dix moines et un frère.

La vente des biens commence immédiatement. Les bénédictins de Saint-Martin de Tournai achètent l’église qui devient église paroissiale. La bibliothèque importante contient 2 160 livres, dont la plupart sont des ouvrages de théologie. On y trouve aussi 46 manuscrits, 3 incunables et 45 post-incunables. Parmi les 176 tableaux, très souvent sans valeur, il y a lieu pourtant de citer les peintres suivants : Gaspard de Crayer, Pieter ou Cornelis Vervoort, Jan-Piter Tassart et Elisabeth Seldron. Il ne reste plus grand-chose de ce monastère, excepté l’église.

Liste des prieurs. — Joannes van Bollezelle, 1328-1332. — Joannes van Bouchaute, 1332-1338. — inconnus, 1338-1347. — Simon, 1347-1350. — Joannes, 1351-1362. — Theodoricus Buck, 1363- ? — inconnus, 1364-1377 — Joannes Dottel, 1377. — Joannes vander Stoct, 1377-1378. — Jacobus van Liedekerke, 1379-1381. — inconnus, 1381-1384. — Jacobus van Hondschote, 1384- ? — Bartholomeus de Schole, 1386-1388. — Petrus van Pruschen, 1388. — inconnus, 1388-1391. — Livinus van Couckelaer, 1391-1396. — Joannes de Zas, 1396-1410. — Everardus van Huussen 1410-1417. — Godesclacus de Seron, 1417-1418. — Goswinus de Beka, 1418-1421. — Gerardus van Schiedam, 1421-1427. — Everardus van Hussen, 1427-1434. — Gerardus van Schiedam, 1434-1442. — Tilman de Daventria, 1442-1444. — Arnoldus Cupers, 1444-1449. — Joannes Heck, 1449-1473. — Petrus Blanckaert, 1473-1497. — Ludovicus Overlink, 1497-1498. — Petrus de Winter, 1498-1499. — Ludovicus Overlink, 1499-1505. — Michael Dierickx, 1506-1531. — Gulielmus Vogels, 1533-1544. — Nicolaus de Bruyere, 1544-1550. — Laurentius Wittebroot, 1550-1557. — Tristand Serloitus, 1557-1567. — Quintinus Buydens, 1567-1569. — Joannes de Leydis, 1569-1572. — Quintinus Buydens, 1572-1574. — Hercules van Winckele, 1574-1584. — Egidius vanden Houte, 1584-1604. — Joannes Nanningius, 1604-1608. — Jacobus Denys, 1608-1609. — Livinus de Jagher, 1609-1625. — Henricus van Breuseghem, 1626-1630. — Joannes Richard, 1630-1635. — Adrianus Buyckx, 1635-1640. — Jusutus de Nockere, 1640-1650. — Hugo van Gessel, 1650-1659. — Hugo Gaethoffs, 1659-1662. — Melchior Rijsheuvels, 1662-1666. — Hugo van Molinghen, 1666-1668. — August. Vanden Weyngaerde, 1669-1677. — Hieronymus vanden Kerchove, 1677-1683. — Gommarus vanden Eynde, 1683-1692. — Franciscus Tou, 1692-1697. — Josephius Engelgrave, 1697-1698. — Joa. Bapt. Van Hoorebeecke, 1699-1702. — Hugo Pirot, 1702-1706. — Gulielmus Damman, 1706-1709. — Bruno van Damme, 1709-1738. — Antonius de Backer, 1738-1744. — Bruno Pede, 1744-1752. — Amandus Servaes, 1752-1757. — Martinus Melaerts, 1757-1761. — Alexander de Travers, 1761-1770. — Joannes van Bever, 1770-1780. — Nicolaus Waefelaerts, 1780-1783.

Sources
Archives de l’État à Renaix, 425 chartes et 640 documents de tout genre (cf. M. Nuyttens, Inventaris van het Archief van de Priorij van Sint-Maartens-Bos te Sint-Martens-Lierde, Algemeen Rijksarchief, Bruxelles, 1976).
Archives du séminaire de Gand, quatre chartes du xve siècle.
Archives de l’État à Gand, Fonds de Ghellinck-Vaernewyck, 40 chartes se rapportant à l’économie du Bois aux xive et xve siècles ; Fonds Conseil de Flandre, couvents supprimés, n° 18a, documents du temps après la suppression.
Archives générales du Royaume, Archives du Gouvernement général, n° 1416, recueil 53 et n° 1451, documents de 1788 ; Archives du Conseil des Finances, n° 8154 et n° 8356, documents de 1791 et 1793 ; Fonds Conseil privé espagnol, boîte 1120, n° 122, six documents de 1587 à 1649 ; Fonds du Comité de la Caisse de Religion, nos 68, 69, 73-74, 139, 210 et 423 : nombreux documents du temps après la suppression ; Fonds Trésor de Flandre, première série, n° 1861, qui est un document du temps après la suppression. À la Bibliothèque Royale de Bruxelles, on trouve le manuscrit n° 8564-8581, De variis Monasteriis, qui contient aux pages 322-328 un Breve Compendium fundationis domus cartusiae Sylve S. Martini.

Travaux
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F. Kiekens, Deux chartreux d’Alost honorés dans leur ordre du titre de bienheureux, dans Précis historique, 22, 1873, p. 394-400.
F.-A. Lefebvre, Saint-Bruno et l’ordre des chartreux, t. II, Paris, 1883, p. 289.
Ch. Le Couteulx, Annales Ordinis Cartusiensis ab anno 1084 ad annum 1429, vol. 5, Montreuil-sur-Mer, 1887-1891, p. 232, 234-235, 239 et vol. 6, p. 441.
L. Le Vasseur, Ephemerides Ordinis Cartusiensis, vol. 5, Montreuil-sur-Mer, 1890-1893, Index Tertius.
Plusieurs auteurs, Maisons de l’ordre des chartreux. Vues et notices, t. II, Montreuil-sur-Mer, 1913-1919, p. 205.
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