Geertruidenberg, Chartreuse de

GEERTRUIDENBERG, Domus Hollandiae, Domus Sanctae Mariae prope Sanctae Gertrudis, Domus Beatae Mariae in Hollandia, Het Hollande Huis bij Geertruidenberg, Cartusia Montis Stae Gertrudis seu Geltrudis, Cartusia Btae Mariae in Monte Stae Gertrudis, Cartusia Gertrudae, Gertrudis seu Gertrudo-Bergensis, Chartreuse de Gertruidenberg ou Geertruydenberg, Chartreuse de Mont-de-Gertrude, Chartreuse du Mont-Ste-Gertrude, Chartreuse de Ste Gertrudenberghe, chartreuse sise non loin de Raamsdonksveer (Sandoel, Brabant), attachée à la Provincia Theutoniae olim Picardiae Remotioris.

La date de fondation de 1331 est fréquemment avancée. La charte de fondation date toutefois du 6 févr. 1336 et la chartreuse fut officiellement incorporée à l’ordre en 1337. Mont-Ste-Gertrude est la première fondation cartusienne située à l’intérieur des frontières de l’actuel royaume des Pays-Bas. Le fondateur, Willem van Duivenvoorde, seigneur d’Oosterhout, dota princièrement la fondation. Les premiers religieux arrivèrent probablement de la chartreuse de Cologne. En 1421, la prospérité matérielle de Mont-Ste-Gertrude fut sévèrement touchée : une bonne partie de ses propriétés fut submergée par les flots et le monastère lui-même fut inondé ; un certain nombre de moines et de frères lais perdirent la vie dans le désastre. La communauté ne se remit que lentement de cette catastrophe. Elle connut certains désordres à la fin du xve et au début du xvie s. : en témoignent les admonestations qui lui furent adressées par le chapitre général de l’ordre. En 1485, un moine fut rappelé à l’ordre : « Et D.N. … qui nimis invective ac arroganter suo visitatori scribere ausus est ut patet ex litteris coram diffinitoribus productis, ad terram in refectorio semel comedat, atque claustri colloquio duobus mensibus careat et caveat ne de caetero talia praesumat, alioquin… ». En 1509, le prieur lui-même fit l’objet de critiques : « Et hortamur Priorem Domus Hollandiae ut se emendet in defectibus suis et statum Domus utrumque diligentius quam hactenus fecit gubernet, similiter monachi in defectibus suis se corrigere studeant, et Ordinis observantias sollicitius observent, alias visitatores Provinciae cum plena auctoritate Capituli Generalis Domui provideant, tam in capite quam in membris ».

En 1521 toutefois, dom Gulielmus Bibaut (Bibau), natif de Tielt en Flandre et qui avait étudié le droit canonique et civil à Louvain avant d’entrer à la chartreuse de Gand vers 1499 et de devenir prieur de Mont-Ste-Gertrude, fut élu prieur de la Grande Chartreuse et général de l’ordre, charge qu’il conserva jusqu’à sa mort le 24 juill. 1535. Ses Sacrae conciones, pour l’essentiel des sermons capitulaires, eurent quelque succès (édité à Anvers en 1535, rééditions : cf. D. Sp.,i, 1588 ; ii, 765).

En 1525, le chapitre général n’était pas encore satisfait de l’observance à Mont-Ste-Gertrude : « Hortamur priorem Domus Hollandiae ut pro honore Dei et animarum sibi commissarum salute solicitus sit, et velut alter Phinees pro disciplina ordinis conservanda, zelum habeat discretum ».

On connaît peu de chose sur l’histoire de la chartreuse lors de la Réforme mais en 1568 un moine récalcitrant fut réprimandé : « Et D.N. … linguam suam compescat, ne majores turbationes oriantur, alioquin visitatores provideant, et ita districte corripiant ut caeteris cedat in exemplum ».

En 1572 et 1573, la chartreuse fut pillée et incendiée par des bandes calvinistes. Les moines se réfugièrent en ville. Le monastère fut démoli, ses propriétés confisquées. Quelques religieux se fixèrent toutefois à Breda et Geertruidenberg dans l’espoir de recouvrer leur chartreuse. Le chapitre général fut impuissant et se contenta en 1574 de formuler une vague recommandation : « Priorem Domus Hollandiae hortamur ut solito melius consiliis visitatorum acquiescat… ».

Le dernier profès de Mont-Ste-Gertrude, dom Cornelius Jansonius de Schoonhoven, mourut en 1623. Il avait officié en tant que vicaire des moniales chartreuses de Bruges de 1577 à 1621. D’autres religieux trouvèrent refuge dans des chartreuses de la région, notamment à Bruxelles et à Lierre.

Les bâtiments furent très largement démolis. On construisit à leur place un palais qui, à son tour, fut détruit. Un plan du monastère, datant de 1569, figure 16 à 18 cellules (12 à 14 de la fondation originale, plus 4 de la fondation d’Elizabeth van Theylingen [xive s.]). Cinq dessins datant de 1718 nous montrent l’état des ruines de cette époque. Des fouilles furent entreprises sur le site en 1964.

Sources
Deux cartulaires et trois registres sont conservés aux Archives du Royaume à Bois-le-Duc. Des chartes le sont aux Archives de la cathédrale d’Anvers. On trouvera d’autres documents encore aux Archives de l’archevêché de Malines, de la Faculté de médecine de l’Université de Montpellier (ms. 25949) et aux Archives du Royaume à La Haye.
De la bibliothèque de Mont-Ste-Gertrude, deux manuscrits seulement existent encore : Bibliothèque royale de Copenhague, cod. 2 (bible datant du xiiie s.) ; Bibliothèque Vaticane, Regin. lat. 82 (pour l’essentiel pseudo-Augustin). Le ms. 1845 de la Bibliothèque municipale de Grenoble (il fut transféré de la Grande Chartreuse durant la Révolution) contient De tribus votis monasticis H. prioris domus Hollandie.

Travaux
Anon., Maisons de l’ordre des chartreux,ii, Parkminster, 1915, p. 213-14.
C.H.C. Breesnee, Archief van het Hollandsche huis bij Geertruidenberg, dans Verslagen omtrent ’Rijks oude archieven, l, 1927 (La Haye, 1928), p. 277-408.
J. de Grauwe, dans N.B.W., VI, 34-35 ; Prosopographia Cartusiana Belgica (1314-1796), dans Analecta Cartusiana,xxviii, 1976.
A. Gruys, Cartusiana. I: Bibliographie générale. Auteurs cartusiens, Paris, 1976, p. 49 (Guillaume Bibaut) ; II: Maisons, Paris, 1977, p. 323 (Mont-Ste-Gertrude) ; Kartuizen in de Nederlanden (1314-1796). Kleine monasticon en literatuuroverzicht van de geschiedenis der Zuid- en Noordnederlandse kartuizen, Delft, 1975, p. 187-91.
G.C.A. Juten, De Kartuizers te Geertruidenberg, dans Taxandria, XLIX, 1942, p. 1-4, 123.
M. Laporte, Ex chartis capitulorum generalium ab initio usque ad annum 1951, In Domo Cartusiae, 1953 (cf. index, p. 440).
Ch. Le Couteulx, Annales Ordinis Cartusiensis ab anno 1084 ad annum 1429,v, Montreuil, 1889, p. 300-03.
F.A. Lefebvre, S. Bruno et l’ordre des chartreux, II, Paris, 1883, p. 287.
L. Le Vasseur, Ephemerides Ordinis Cartusiensis, V, Montreuil, 1893 (cf. index, p. 259 : Cartusia Hollandiae).
D. et G. Mathew, The Reformation and the Contemplative Life : a Study of the Conflict between the Carthusians and the State, Londres, 1934, en part. chap. 2 et 3 passim, p. 62, 75, 88-89, 243, 246-47, 259, 283-84, 288.
L. Moereels, Twee collatiën van Cornelius Jansonius van Schoonhoven O. Cart., dans Ons Geestelijk Erf, XX, 1946, p. 391-433.
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